19 juin
Sébastien et moi prenons le train de nuit à Zürich pour Budapest. J’ai choisi ce moyen de transport, plus écologique que l’avion mais , à peine montés dans le wagon-lit, j’en viens à regretter cette option. D’une part, le wagon doit avoir été en usage depuis un bon demi-siècle déjà d’où sa vétusté et, d’autre part, la climatisation ne fonctionne pas: le chauffage, lui, est à plein régime, nous transpirons à grosses gouttes et nous devons attendre 3 heures avant un semblant de refroidissement.
Ces désagréments ne semblent pas déranger Seb qui regarde le match de foot de la Suisse contre l’ Ecosse de l’Euro 2024.
Nous dormons par intermittence. Le wagon est bruyant et les amortisseurs pour autant qu’il y en aient sont fatigués ou hors d’usage.
Début de voyage franchement chaotique mais la perspective de me retrouver le lendemain à Budapest me fait accepter ces dérangements momentanés.
20 juin
Après un bref passage à l’hôtel, nous décidons de commencer nos visites par la colline du château qui concentre, à elle seule, une multitude de richesses architecturales. Nous nous évitons trop d’efforts, vu la chaleur ambiante à laquelle nous ne sommes pas habitués et nous empruntons le Siklo, le funiculaire datant de 1870 et reconstruit à l’identique en 1983.
Une promenade dans l’enceinte du château nous réserve de magnifiques vues sur le Danube et la rive de Pest ainsi que sur le Pont des Chaînes.
Nous flânons dans le vieux quartier, admirant au passage un monument, une maison à façade colorée de style baroque ou néo-classique.
L’église Matthias, dans laquelle François-Joseph et Elisabeth d’Autriche furent couronnés souverains de Hongrie en 1867, nous accueille par une profusion de peintures. Voûtes, murs et piliers sont abondamment décorés. C’est très beau et, en même temps, nous apprécions la fraîcheur du lieu.
Brève incursion au bastion des Pêcheurs, construit à la fin du 19e siècle, qui n’est pas sans évoquer un château de conte de fées. Son nom viendrait d’un marché aux poissons qui se tenait à cet endroit au Moyen Age. Un peu kitsch tout ça !
Nous redescendons de la colline et prenons un bus touristique qui nous permet de monter et descendre à volonté. Il fait vraiment très chaud et c’est la seule alternative que nous avons trouvée pour nous éviter de trop longs déplacements à pied par une telle chaleur.
Nous admirons, sans fatigue, quelques endroits incontournables de la ville.
Nous en avons plein les yeux mais nos estomacs réclament pitance. La journée se termine par un repas typiquement hongrois en centre ville : une « goulash ».
21 juin
Direction, le Parlement.
Depuis notre hôtel, nous suivons la promenade le long du Danube, l’occasion de photographier les monuments de Buda que nous avons vus la veille.
Au bord du fleuve, nous nous attardons au Mémorial des Chaussures : 60 paires en bronze sont alignées commémorant l’assassinat de milliers de Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Les exécutions avaient souvent lieu sur les quais puis les corps étaient jetés dans le fleuve. Emouvant !
Aujourd’hui, pas de visite du Parlement; il n’y a plus de place pour la journée. Seules quelques photos de l’extérieur du bâtiment nous font ne pas regretter d’avoir été jusque-là.
C’est à regret que nous rebroussons chemin, toujours à pied ! Au retour de notre croisière, je m’assurerai que nous pourrons visiter l’intérieur. Il y a tellement de monde à Budapest (comme partout d’ailleurs) qu’il faut tout réserver à l’avance par internet !
Nous embarquons vers 17h00 sur le « France » pour débuter notre croisière vers les Portes de Fer.
22 juin
Première journée et première balade. Nous sommes en Croatie, à Osijek, la plus grande ville de Slavonie. Je ne sais pas si le fait que la guide s’exprime extrêmement mal en français mais le charme n’a pas tout de suite vraiment opéré: est-ce que cette cité n’a pas l’intérêt que l’on nous suggère dans les guides touristiques ?
L’ancienne citadelle autrichienne n’a rien d’enthousiasmant : elle est en très mauvais état de conservation et elle semble laissée à l’abandon.
La ville haute avec son ensemble de maisons rappelant l’occupation austro-hongroise est digne d’intérêt et mon sentiment évolue favorablement.
Nous quittons cette ville fantôme pour rejoindre la ville moderne. Une halte devant la cathédrale St Paul et St Pierre montre enfin que cette cité est vivante … elle compte plus de 100’000 habitants.
Nous retournons donc au bateau un peu désabusés. Peut-être ne sommes-nous pas restés assez longtemps pour apprécier les lieux à leur juste valeur.
23 juin
Belgrade, capitale de la Serbie : nos attentes sont immenses.
Le guide, s’exprimant dans un français plus que correct, nous emmène à la citadelle que nous avions préalablement vue depuis le bateau.
Celle-ci est située dans un vaste parc (Kalemegdan) d’où nous avons une vue magnifique sur le confluent de la Save et du Danube et, par là même, sur notre bateau. Il est très agréable de se promener dans cet environnement alors que l’on est dans une ville de plus d’un million d’habitants.
A ne pas rater la statue Pobednik (le Vainqueur, en français), alias l’homme nu, la star de Belgrade qui nous tourne le dos. Censuré !
Nous découvrons le centre ville à pied. Une boisson rafraichissante dans un bar branché ( il fait plus de 33 degrés) et nous repartons à la découverte …
En nous déplaçant vers l’église orthodoxe de Saint-Sava, monument phare de Belgrade, nous observons quelques bâtiments détruits, volontairement conservés en l’état et c’est assez impressionnant. Ils ont été bombardés par l’OTAN pour mettre fin en 1999 à la guerre du Kosovo.
Saint-Sava est la plus grande église orthodoxe du monde. Son architecture est la réplique de Sainte-Sophie à Istanbul, sans les minarets.
Comme d’habitude, cette brève visite ne nous a pas donné une image idyllique de la capitale serbe et je pense qu’elle recèle quelques merveilles que nous avons négligées par manque de temps surtout que nous n’avons pas quitté le bateau l’après-midi tellement la température nous en dissuadait.
24 juin
Nous naviguons très tôt le matin dans les Portes de Fer. J’imaginais de hautes falaises abruptes… rien de cela. Le fleuve s’engouffre bel et bien dans un défilé entre les Carpates (rive gauche nord) et les Balkans (rive droite sud) mais c’est moins impressionnant que je l’avais imaginé.
Arrivés à la frontière roumaine, le bateau fait demi-tour et commence alors le voyage de retour vers Budapest.
À l’entrée du défilé se trouvent, de part et d’autre, deux forteresses dont l’une est déjà restaurée et l’autre en plein travaux. Nous visitons celle de Golubac, construite apparemment au 14e siècle et qui surveillait l’entrée des Portes de Fer.
L’endroit me séduit : nous sommes seuls, aucun touriste à part les passagers de notre bateau. Ce n’est pas habituel de ne voir personne sur un tel lieu surtout que cette place forte a été restaurée (à grands frais avec l’aide de l’UE). Mais il faut 3 heures de voiture pour venir de Belgrade l’admirer, ce n’est pas la porte à côté. Et ce n’est pas pour nous déplaire, le site est tout à nous.
25 juin
Arrivée à Novi Sad, ville du nord de la Serbie directement sur les rives du Danube et deuxième ville du pays après Belgrade. Si l’on a envie de sortir des sentiers battus, la capitale de la Voïvodine vaut le détour. L’influence austro-hongroise, bien présente, donne à cette ville un charme particulier. Elle a nettement plus d’attraits que Belgrade qui m’a laissé un sentiment mitigé.
La forteresse de Pedrovaradin qui domine le Danube est la plus grande forteresse conservée en Europe… Pour la petite histoire, l’horloge du site est nommée l’horloge ivre car, quand il fait froid, elle a quelques minutes de retard alors que , lorsqu’il fait chaud, elle va plus vite !
Le centre historique est incontournable.
26 juin
Escale à Mohacs : nous sommes de retour en Hongrie.
Ce matin, Seb et moi faisons une promenade dans cette ville régionale qui n’offre que peu de curiosités culturelles à part l’Eglise érigée en souvenir de la bataille de Mohacs qui eut lieu au 16e siècle entre les forces de l’empire ottoman de Soliman le Magnifique en route pour Vienne et celles de la Hongrie. La victoire des Ottomans aboutit à la partition de la Hongrie entre les vainqueurs et les Habsbourg d’Autriche.
En chemin, ce qui m’étonne le plus , ce sont toutes ces personnes qui gagnent certainement leur vie en balayant la voie publique et en entretenant les massifs floraux bordant les allées de la rue piétonne. Les machines n’ont pas encore fait leur apparition ici.
Nous nous attardons dans un café et regardons les gens s’affairer aux alentours.
L’après-midi, nous faisons une excursion dans la Puszta.
Vaste plaine, morne plaine… des champs de tournesols, de céréales et cela sur des kilomètres, l’occasion de faire un petit somme avant d’arriver près de Kalocsa où nous devons accepter une halte pour nous montrer comment se prépare le paprika, la richesse de la région mais c’est surtout l’occasion de nous faire acheter broderies et œufs peints.
Nous assistons ensuite à un spectacle équestre.
Mais rebelotte … nous sommes bombardés par des photographes qui, en moins de temps pour le dire, ont déjà développé les photos et nous les vendent à un prix exorbitant!
27 juin
Nous nous réveillons à Budapest. Seb et moi profitons de la matinée pour nous rendre à pied au grand marché central couvert.
L’occasion de faire quelques achats mais aussi d’apprécier l’architecture du bâtiment. Construit à la fin du 19e siècle, l’extérieur fait penser à une gare avec son immense horloge sur la partie centrale ou rappelle les constructions d’Eiffel à la même époque. Il est tôt et nous pouvons aisément nous balader tout d’abord au rez de chaussée, au milieu des étals multicolores de légumes, de fruits puis nous déambulons à l’étage où se succèdent bars, restaurants et autres échoppes de souvenirs.
L’après-midi, nous visitons le célèbre château de Gödölö, lié au souvenir de l’empereur Francois- Joseph et de l’impératrice Élisabeth d’Autriche.
La visite de ce château royal au nord-est de Budapest, résidence préférée de Sissi qui aimait s’y réfugier pour fuir la pression de l’étiquette de Vienne, vaut le déplacement.
28 juin
Nous débarquons dans la matinée et rejoignons notre hôtel à pied. Je presse un peu Seb car je souhaite visiter la grande synagogue de la rue Dohany avant de nous rendre au Parlement. Nous sommes vendredi et les lieux ferment à 16 h et le resteront tout le samedi, jour de notre départ.
Il fait de nouveau très chaud et le déplacement à pied est éprouvant mais heureusement que nous sommes arrivés avant l’ouverture car une colonne de touristes s’est déjà formée pour accéder à ce lieu et elle grossit rapidement.
L’intérieur de la synagogue impressionne non seulement à cause de ses dimensions mais surtout par la richesse de la décoration.
Nous nous attardons dans le jardin du souvenir Raoul Wallenberg où une sculpture représentant un saule interpelle: chaque feuille de l’arbre est frappée du nom de l’un des 5000 Juifs hongrois enterrés à proximité.
Nous nous perdons un peu dans ce dédale des rues de l’ancien quartier juif mais nous tombons un peu par hasard sur une sculpture représentant un homme sur le dos tentant de se relever pour demander secours à un ange, qui rend hommage à Carl Lutz, diplomate suisse qui secourut de nombreux Juifs au péril de sa vie.
Ce quartier est vraiment à l’image de la physionomie contrastée de la ville elle-même. Ici cohabitent des édifices somptueux, des immeubles noircis par la pollution ou des vides laissés par des immeubles démolis et non reconstruits.
Il est temps pour nous de rejoindre le Parlement pour la visite guidée à laquelle nous sommes inscrits et qui n’autorise aucun retard. J’épargne à Seb le déplacement à pied en prenant un taxi.
Après les contrôles d’usage pour visiter un tel endroit, nous accédons à l’intérieur.
Cette visite au coeur du pouvoir hongrois est passionnante. Les photos sont interdites dans la salle de la Coupole où sont exposés les joyaux de la couronne. Dommage, vous ne verrez donc pas les soldats qui montent stoïquement la garde.
Journée pleine de belles découvertes et qui se termine agréablement au bord du fleuve.
29 juin
Dernière journée à Budapest. Nous avons encore des choses à voir. Pas question de perdre du temps ! Seb m’accompagne toujours stoïquement malgré la chaleur toujours présente.
La basilique St-Etienne nous offre un havre de paix mais nous profitons aussi de la température bienfaisante qui règne à l’intérieur lequel surprend par sa grandeur et son ornementation. Nous nous attardons dans la chapelle de la Sainte Dextre où se trouve la relique supposée être la main droite de St-Etienne.
Nous ne pouvons rester à demeure dans ce lieu et nous prenons le bus pour aller jusqu’au parc de la ville où nous espérons trouver un peu de fraîcheur. Il semble que les habitants de la ville s’y soient aussi donné rendez-vous.
La journée avance… une petite halte au café Gerbaud…
… et nous voilà sur le départ, notre train quitte Budapest de début de soirée.
Notre séjour se termine. Nous avons bien profité de cette escapade en Europe de l’Est et moi, qui avais envie, depuis plusieurs années, de visiter Budapest, me voilà comblée… bien que je n’aie pas tout vu ce que j’avais prévu !