Semaine à vélo au Pays de la Loire – du 3 au 9 septembre Le vélo remplace le camping-car.

Nantes, dimanche 3 septembre 16 h

Martine, Danielle et moi sommes installées depuis une heure dans notre chambre d’hôtel lorsque nous entendons dans le corridor des voix familières: nos amis cyclistes viennent d’arriver, avec un peu de retard sur l’horaire prévu: ils ont fait le voyage en avion et la valise de Françoise n’est pas arrivée à Nantes, ce qui a occasionné au groupe quelque souci et démarches administratives. Mais nous voici réunis et lorsque tout le monde est installé et remis de ses émotions, nous partons visiter le musée d’ Arts de Nantes, rénové récemment. Nous aurions préféré aller découvrir la vieille ville, mais il pleut à verse et nous avons opté pour le plan B. L’exposition temporaire du musée, intitulée « de l’air, de la lumière et du temps » est consacrée à une artiste autrichienne, Susanna Fritscher. Le patio du musée est entièrement occupé par 350 km de fils de silicone transparents tendus verticalement du sommet de la verrière jusqu’au sol. On se promène entre ces fils translucides qui manifestent leur présence par de légers mouvements rendant l’air visible et palpable, en franchissant des passages ménagés entre ces rideaux aériens, passages invisibles depuis l’extérieur de l’espace occupé par l’oeuvre.

Première étape: 65 km, de Nantes à St.Brévin-les-Pins.

À 9 heures, nous attendons tous devant l’hôtel l’arrivée de la camionnette qui doit nous amener nos vélos. Chacun arbore la tenue cycliste idoine, à l’exception de François: ses vêtement de sport sont dans la valise de Françoise, quelque part entre Genève et Nantes! Les copines ont mis à disposition de l’infortunée maillot, short, sweat. François, lui, a estimé que la tenue jeans, T-shirt irait très bien pour pédaler. À 10h30, chacun a ajusté la hauteur de sa selle et nous sommes prêts au départ.

Nous immortalisons le départ devant le château des Ducs de Bretagne.

La sortie de Nantes, comme de toutes les grandes villes d’ailleurs, n’est pas une partie de plaisir. Sur des pistes cyclables ou sur des routes partagées, nous longeons une zone portuaire à forte densité industrielle et commerciale pendant une heure environ. Un bac nous permet ensuite de traverser la Loire en quelques minutes et de poursuivre notre route dans un environnement calme et verdoyant. Nous longeons sur 15 km le canal de La Martinière achevé en 1892 pour contourner une portion du fleuve dont les hauts-fonds rendaient la navigation difficile. En 1913, il fut abandonné car il n’était pas assez profond pour recevoir des cargos toujours plus grands. Aujourd’hui, il permet d’irriguer les cultures du Sud de la Loire et c’est un havre de paix pour les oiseaux. D’un œil, je regarde la route et de l’autre je surveille le canal, prête à stopper pour observer un héron, des canards ou des grèbes, hôtes fréquents de ce site. Bientôt, l’estuaire s’élargit et nous apercevons sur l’autre rive de la Loire les raffineries, les zones portuaires et industrielles de St.Nazaire ainsi que le pont construit au début des années 1970 à l’embouchure du fleuve.

Nous faisons un long arrêt pour admirer la silhouette de cette construction très aérienne mais dont les concepteurs ont oublié les piétons et les vélos: un mini-trottoir et pas de piste cyclable aménagée pour passer d’une rive à l’autre.

Le pont n’est ni plat …
… ni droit !

Nous nous remettons en selle et nous suivons tranquillement une promenade aménagée le long de l’océan qui nous conduit quasiment jusqu’à notre hôtel. Au passage, nous faisons un petit arrêt pour regarder de plus près le Serpent d’océan. C’est une sculpture monumentale en aluminium, longue de 130 m qui représente un squelette de serpent de mer imaginaire. Si la marée est haute, seules la tête et le haut des vertèbres dépassent de l’eau. À marée basse, on peut en faire le tour à pied.

2e étape: 57 km, entre St.Brevin-les-Pins et Bouin

L’étape commence par la traversée de St.Brévin, entre mer, pins, dunes, villas et campings occupés en grande partie par des mobilhomes ou des chalets. Durant toute la semaine, nous avons été frappés par la concentration de ces « villages de vacances » qui enlaidissent les bords de mer. En fin de matinée, nous arrivons à Pornic, joli port de pêche. Nous cadenassons nos vélos et, au gré de nos envies, nous allons flâner dans les ruelles, le long des quais jusqu’au château ou dans les boutiques.

Le port à marée basse
Un rayon de soleil éclaire la petite ville
Château élevé au XIIIe et XIXe siècle

De Pornic à Bouin, nous pédalons entre marais salants en grande partie abandonnés, littoral et polders. Nous passons à côté de parcs à huîtres et de canaux que surplombent des carrelets, filets de pêche montés sur deux cerceaux croisés suspendus à une perche.

Des chevaux de race vendéenne s’ébattent sur ces marais asséchés.

Paysage désespérément plat, monotone. Les 12 derniers kilomètres de cette étape nous paraissent interminables: nous devons pédaler contre un fort vent. Pour nous réconforter, nous sommes accueillis dans un hôtel appartenant à la chaîne Relais du Silence. Cette demeure du 18e siècle est située dans un joli parc arboré avec piscine. Malheureusement, le temps et la température n’incitent pas à la baignade.

3e étape: 66 km de Bouin à St. Jean de Monts

L’étape du jour commence par un crochet au port des Brochets où nous assistons à la mise à l’eau des bateaux des ostréiculteurs partant collecter leurs paniers chargés du précieux butin. Ils suivent un chenal sur quelques centaines de mètres avant d’arriver à l’océan.

Après moult zigzags dans un environnement identique à celui de hier après-midi, nous arrivons au passage du Gois qui relie l’île de Noirmoutier au continent. Praticable uniquement à marée basse, cette route de 4,5 km est submergée par la mer deux fois par jour. Jusqu’en 1971, date d’ouverture à la circulation d’un pont entre Fromentine et l’île, c’était le passage obligé pour s’y rendre. Actuellement, c’est une curiosité touristique et la circulation y est dense, même à cette période de l’année. Pour notre part, nous nous contentons d’y faire une pause-café car le détour par Noirmoutier rallongerait le parcours.

Et non, ce n’est pas notre camping-car engagé sur le passage du Goin: le nôtre est au repos à Nantes!

Après cet arrêt bienvenu, nous repartons pour une quarantaine de kilomètres jusqu’à St.Jean-de-Monts, où nous arrivons aux alentours de 16h. La dernière partie du parcours est très agréable: nous pédalons dans la forêt de pins, sur un sol naturel et un terrain légèrement accidenté. Ça nous change des étendues plates des marais!

Après avoir récupéré nos bagages et les avoir déposés dans nos chambres, Evelyne, Martine et moi, nous nous dirigeons d’un pas décidé vers la plage. Comment résister au plaisir de courir dans les vagues de l’océan, de plonger avant qu’elles ne déferlent puis de se laisser porter par la houle lorsque l’on a passé derrière les rouleaux? La plage est quasiment déserte, d’une grande propreté, le sable doré et fin … et il y a si longtemps que je ne m’étais plus baignée dans les vagues de l’Atlantique… C’est toute une période de ma vie qui refait surface. Sitôt hors de l’eau, nous nous séchons avec vigueur et nous retournons à l’hôtel pour prendre une douche chaude avant d’aller manger.

4e étape: 56 km, de St.Jean de Monts aux Sables d’Olonne

Cette étape est, à mon avis, la plus belle de tout le parcours: 100% mer, plage, forêt et dunes sur des pistes ou des routes secondaires peu fréquentées. À St.Gilles-Croix-de-Vie, cité balnéaire réputée, nous faisons une halte pour acheter notre pique-nique et nous dégourdir les jambes le long de la rue piétonne.
Notre hôtel aux Sables d’Olonne est situé dans la vieille ville, à proximité immédiate de la rue de l’Enfer, interdite aux fortes carrures: c’est la rue la plus étroite du monde, inscrite au livre Guinness des records. Dans ce quartier, il n’y a pas que les rues qui sont exiguës: les chambres de notre hôtel sont si petites qu’il est impossible d’ouvrir sa valise ailleurs que sur le lit! Très pratique lorsque l’on va dormir! Malgré le ciel gris et le vent, Martine et moi décidons de retourner nous baigner, accompagnées aujourd’hui par Ursula et Françoise qui a enfin récupéré sa valise et, par la même occasion, son maillot de bain. La baignade est moins fun que celle de hier: une grande jetée protège la plage des vagues et l’eau est plus fraîche. Avant l’apéro, offert par Françoise qui fête l’arrivée de sa valise, nous allons faire un tour dans le quartier de l’île Penotte, dont les façades sont joliment décorées de mosaïques faites de coquillages.

5e étape : 56 km, des Sables d’Olonne à La Tranche sur Mer.

Nous partons comme les autres jours à 9 heures, mais équipés aujourd’hui de nos imperméables: il tombe une petite pluie fine. L’averse de dure pas, mais à plusieurs reprises durant la journée, nous essuierons des grains comme disent les Bretons.
Début de parcours en bordure de mer, où les plages et les criques rocheuses se suivent. Il était prévu de faire un crochet jusqu’au port de la Guittière pour y déguster des huîtres. Malgré l’oeil de lynx de Danielle qui a pour tâche durant toute la semaine de repérer les panneaux de signalisation de Vélodyssée, nous tournons en rond et les huîtres passeront sous le nez des amateurs.
Nous nous arrêtons pour la pause pique-nique face à l’océan, à proximité immédiate de la Maison de Clémenceau à St.Vincent-sur-Jard. La visite de la résidence de cet homme politique français, acteur important de la première guerre mondiale, n’intéressant pas tout le monde, le groupe se scinde en deux: les uns se rendent directement à l’hôtel et les autres se plongent dans l’atmosphère rétro de cette demeure toute simple (une ancienne cabane de pêcheurs) que « le Tigre » louait pour y passer sa retraite. Entre sa maison et l’océan, dans son « jardin fou » comme il l’appelait fleurissent en cette saison des Gauras qui se mêlent à la végétation des dunes. Plus organisés, les jardins qu’il créa avec l’aide de son ami Claude Monet associent fleurs et arbustes.


Après la visite, nous nous remettons en selle et activons le turbo. Le parcours est fléché à travers une forêt de pins et de chênes verts et quelque peu accidenté. Une fin de journée où nous mouillons nos maillots!

6e étape: 81,7 km de la Tranche-sur-Mer à La Rochelle

Au départ, Danielle nous briefe: « l’étape d’aujourd’hui est longue, on doit absolument arriver avant 18h à La Rochelle, heure à laquelle l’agence vient récupérer les vélos; chacun devra donc cravacher sa monture! ». Ce qui fut dit fut fait: nous parcourrons 81,7 km en 6 heures, soit une moyenne horaire de 13,7 km/h. Un record pour notre petite équipe!
Ce matin, à nouveau, une petite pluie nous accompagne, nous obligeant à enfiler nos survêtements imperméables … que nous ôterons quelques kilomètres plus loin …pour les remettre à nouveau et cela plusieurs fois durant la journée.

L’équipement d’Eric me semble quelque peu excessif !

La plus violente de ces averses nous surprend un peu avant midi. Danielle repère une grange sous laquelle sont entassées des bottes de paille. Nous nous y précipitons et nous en profitons pour manger notre sandwich à l’abri.

Aujourd’hui, nous pédalons toute la journée loin de la mer, ce qui me contrarie quelque peu. Nous traversons à nouveau de vastes étendues de marais, dits desséchés, car ces terres, gagnées sur la mer, furent endiguées et drainées. On y cultive des céréales, du maïs, des tournesols. Mais à cette saison les champs sont bruns et les tournesols, fanés et desséchés, ont piètre allure. Quelques moutons paissent ici et là, on ne voit que très peu de fermes, on ne traverse pas de villages. Nous pédalons sur des petites routes défoncées ou des chemins caillouteux et l’absence de suspensions sur mon vélo est source de douleurs lombaires.

Tiens, quelqu’un a chuté …
C’est Danielle qui, visiblement ,ne s’est pas fait mal.
La voilà prête à repartir.

Après les marais desséchés, le parcours suit, sur 24 km, un canal désaffecté. Pour tromper son ennui, il ne reste qu’à pédaler en imaginant les voitures attelées, les bateaux et les trains qui le fréquentaient jadis… Lorsque nous arrivons dans l’agglomération de La Rochelle, je pousse un soupir de soulagement et … je ne suis pas la seule !

Un rayon de soleil nous accueille au vieux port. Notre attention est attirée par un grand nombre de personnes qui stationnent au bord d’un bassin. Nous mettons pied à terre, nous nous approchons et nous comprenons alors la raison de cet attroupement: deux vieux gréements battant, l’un pavillon russe et l’autre tchèque, sont amarrés.

L’équipage est vêtu de costumes d’époque et, moyennant finance, les quidams peuvent monter à bord et visiter les navires. Nous nous contentons de les admirer car notre hôtel se trouve quelque peu excentré et il reste quelques kilomètres à parcourir avant de dire adieu à notre moyen de locomotion de ces derniers jours. L’objectif fixé ce matin par Danielle est dépassé : nous sommes arrivés bien avant 18h. Pour la petite histoire, je vous dirai que les vélos ont été embarqués le lendemain avec nous pour être ramenés à Nantes.

Douchés et changés, nous repartons à pied en ville en empruntant la promenade aménagée en bord de mer. Il fait beau, c’est samedi, beaucoup de monde flâne sur les quais, les terrasses sont bondées. Avec ses ports, ses tours, ses ruelles bordées d’arcades, La Rochelle donne envie d’y passer quelques jours. Malheureusement, nous ne pourrons lui en consacrer qu’un seul avant de regagner Nantes.





































































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