Escapade en Engadine

12 juin 2021

Après un début de mois marqué par un temps maussade et des températures fraîches, les météorologues annoncent l’arrivée de quelques journées estivales. Super, nous allons enfin pouvoir mettre notre camping-car en circulation ! Au vu des restrictions sanitaires en vigueur en Europe, nous jetons notre dévolu sur une destination en Suisse: l’Engadine. Premier point de chute: Zernez porte d’entrée du Parc National Suisse.

Mais, au fait, que recouvre l’appellation Parc National en Suisse ? Fondé le 1er août 1914, il doit sa spécificité au fait que c’est une réserve naturelle où la nature est soustraite à toutes les interventions de l’homme et, où, en particulier, l’ensemble de la faune et de la flore est laissé à son évolution naturelle. (Article 1er de la Loi fédérale sur le Parc National de 1980).

14 juin 2021

Après une journée mise à profit pour nous installer au camping de Zernez et découvrir les environs proches, nous partons pour une première excursion dans le Parc National : une boucle au départ du col de l’Ofen qui passe par Margunet (2328m), traverse forêts et pelouses alpines. Une randonnée de 3 heures et demie environ, sans les pauses photos, écoute des oiseaux et ravitaillement !

Nous pénétrons dans la forêt formée essentiellement de Pins à crochets et de quelques Aroles dont les graines, transportées par des Casse-noix mouchetés (l’emblème du Parc), ont germé au pied des pins. Contrairement à ce que l’on pourrait penser, ce n’est pas une forêt de montagne dite primitive, c’est-à-dire qui n’a pas, ou peu, subi des interventions de l’homme. Avant la création du Parc National Suisse, la forêt était exploitée et les essences plantées (beaucoup d’épicéas) remplaçaient les essences « naturelles »: pins de montagne, aroles, mélèzes, épicéas.

Ce qui frappe dès que l’on pénètre dans le Parc, c’est le nombre d’arbres secs qui sont encore debout et le chaos des arbres couchés: dans un environnement sec, un arbre mort peut rester 100 ans sur pied avant de tomber et commencer à se décomposer !

Dans les clairières et sur les anciens alpages, nous sommes émerveillées par la profusion de Primevères farineuses qui forment à cette saison de véritables tapis rose parsemés de grandes Gentianes et de Gentianes printanières.

Sur l’Alp Stabelchod, un ancien alpage reconverti en aire de repos et d’observation, des marmottes se défoulent lors de courses-poursuites après leur long repos hivernal.

La suite de la montée jusqu’à Margunet est quelque peu exigeante: le sentier, par moment assez raide, zigzague entre les pins clairsemés puis les arbres cèdent le pas aux prairies alpines: pendant des siècles, la forêt primitive a été exploitée intensément pour fournir du bois aux fourneaux d’où l’on extrayait du minerai de fer. Cent cinquante ans n’ont pas suffi pour que la forêt recolonise ces espaces. En cours de cheminement, nous observons un couple de Casse-noix mouchetés avec trois juvéniles qui s’agitent entre les branches d’un feuillu, rare à cette altitude. Un peu plus haut, un panneau d’information attire notre attention sur l’ancien emplacement d’où furent lâchés entre 1991 et 2007 vingt-six jeunes Gypaètes barbus. Nous espérions apercevoir au cours de cette journée un ou l’autre individu de cette espèce mythique, voire un Aigle royal, mais malgré toute notre attention à scruter le ciel uniformément bleu, aucun rapace n’est venu tournoyer au-dessus de nos têtes.

En cette période de l’année, la Callune ou Fausse bruyère colore les pentes de la prairie alpine de rose violacé.

Nous voici arrivées au point culminant de notre balade. Il est temps de sortir le ravitaillement de nos sacs et de prolonger la pause pour nous imprégner du panorama grandiose qui s’offre à nos yeux.

La montée à Margunet s’est faite sur un versant sud; le début de la descente emprunte un sentier exposé au nord. Comme il a neigé encore très tardivement cette année, la neige n’a pas encore totalement disparu et les Soldanelles parsèment les combes fraîchement libérées de leur couverture hivernale.

Nous franchissons ensuite d’impressionnants cônes d’éboulis, déposés par les avalanches provenant des vastes pierriers visibles sur les flancs des montagnes qui nous entourent.

Les conditions quasi hivernales de ce printemps 2021 nous vaudront un petit moment de stress: le sentier que nous suivons franchit le torrent Botsch, mais il est recouvert d’un pont de neige étroit qui a déjà cédé partiellement. En cette fin de journée particulièrement chaude, va-t-il supporter notre poids ? Martine se lance prudemment, sondant le terrain avec son bâton avant chaque pas. Sans la perdre de vue, je range mon appareil de photo et mes jumelles dans mon sac à dos: on ne sait jamais ! Lorsqu’elle arrive saine et sèche de l’autre côté du torrent, je m’y engage. Au premier pas, j’enfonce dans de la neige pourrie jusqu’au genou. Cela promet ! la suite de la progression est lente et prudente: une ou deux fois je vois l’eau sous mes pieds ! Arrivée sur l’autre rive du torrent, je prends le temps de photographier le passage qui aurait pu être scabreux.

A 17h30, nous retrouvons le camping-car au parc P8. Dernier cadeau de cette magnifique journée passée dans le Parc National: une Grive draine vient nous saluer alors que nous nous déchaussons.

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