Printemps 2022 (suite 7)

14 mai

Belle journée en perspective : nous allons à Pinhao d’où nous ferons une mini-croisière sur le Douro et ensuite nous prendrons la direction de Coimbra, centre de culture depuis le moyen-âge, première capitale du royaume de Portugal et université historique.

Pinhao

Le ciel est couvert mais nous avons bon espoir qu’une éclaircie vienne agrémenter notre balade en bateau. Nous en avons déjà fait une avec les ornithos, plus à l’est, où le Douro se faufile entre des falaises impressionnantes. Ici, point de falaise mais des vignes à perte de vue, des plantations d’oliviers et des vergers.

C’est la région des quintas (les maisons des domaines vinicoles), certaines de renommée mondiale : on peut lire Sandeman, Cruz … mais cela veut surtout dire que la firme achète le raisin aux producteurs de la région.

Une quinta

Au retour de notre promenade en bateau, nous passons par Peso de Regua d’où partaient les bateaux chargés de vin de Porto pour Vila Nova de Gaia. La ville est l’ancien centre de la plus vieille  « dénomination d’origine contrôlée » au monde. Le brevet pour le Porto a été déposé en 1756 par le marquis de Pombal.

Peso de Regua

Mais le clou de la journée, c’est Coimbra. Pas de visite aujourd’hui mais une soirée fado. On peut toujours se dire qu’il s’agit d’une de ces soirées organisées pour les touristes. Mais ici, ce n’est pas le cas! Le spectacle a lieu dans une ancienne salle de monastère accolée à l’église et transformée en salle de restaurant et de concert. Les Portugais, adeptes de cette musique, s’y retrouvent ce soir plus nombreux que les touristes que nous sommes.

Le fado est probablement né dans les quartiers populaires dans la première partie du 19e siècle, mais ses origines restent incertaines. Il s’est ensuite étendu pour être aussi écouté et apprécié par la bourgeoisie. Il devint, sous la dictature de Salazar, le chant national.

Le fadiste chante la saudade, l’amour inaccompli ou déçu, la jalousie, la nostalgie donc des thèmes mélancoliques et il est accompagné d’une guitare portugaise à 12 cordes et d’une guitare classique à 6 cordes.

Nous apprécions cet intermède musical interprété par de très bons artistes locaux. 

15 mai

Je me réjouis de la journée. Nous allons visiter l’université de Coimbra, la plus vieille et la plus prestigieuse du pays, et, plus spécialement, la Bibliothèque, La Chapelle et la salle des Actes.

À peine arrivés au sommet de la colline où se trouve la vénérable université, en bus … pour nous éviter les ruelles entrecoupées d’escaliers au nom évocateur de Quebra-Costas (« brise-dos »), nous sommes assaillis par des étudiants qui vendent des crayons et des stylos pour payer un voyage d’étude ou un écolage. En l’occurrence, il s’agit d’étudiantes drapées de leur cape noire, symbole de leur appartenance à l’université.

L’université de Coimbra où l’on enseigne les lettres, la médecine et le droit bénéficie d’une excellente réputation et attire environ 20’000 étudiants.

La cour de l’université

À 09h00 précises, nous sommes les premiers à pénétrer dans la bibliothèque. Une chance qui nous permet d’apprécier à sa juste valeur ce bijou baroque du 18ème siècle sans jouer des coudes comme à bien des endroits.

La bibliothèque Joanina, sacrée la plus belle bibliothèque universitaire du monde en 2012

J’ai été étonnée d’apprendre qu’elle abrite une colonie de chauve-souris, chargée de chasser les insectes pouvant mettre en péril ces livres anciens.

La Chapelle, nous dit-on, va fermer pour un mariage. Nous nous empressons donc d’y jeter plus qu’un coup d’oeil.

Le buffet d’orgues du 18e siècle

De retour dans la cour, nous observons un groupe d’étudiants qui se prend en photo et s’amuse.

Nous admirons encore la richesse décorative de deux autres salles. En voici l’une d’elles.

Salle des Actes où se déroulent les grandes cérémonies (soutenance de thèses, remises de diplômes…)

Nous redescendons dans la vieille ville à pied… c’est plus facile de descendre et nous visitons le musée du lieu que je vous épargne si ce n’est que nous avons passé beaucoup de temps sous le musée où subsiste une des plus impressionnantes constructions impériales romaines au Portugal.

Le cryptoportique, vaste ensemble de galeries ayant sous doute servi à supporter le forum dans l’ancienne ville Aeminium (ancien nom de Coimbra)

La journée n’est pas terminée, le programme annonce une autre découverte très intéressante à Tomar, notre prochaine destination.

Et quelques dizaines de kilomètres plus au sud, nous découvrons au sommet d’une colline l’austère forteresse des Templiers qui abrite le couvent du Christ, classé au Patrimoine de l’Unesco et dont la construction s’est étalée du 12ème au 17ème siècle.

Au moment où l’ordre des Templiers est dissous par le Pape à la demande de Philippe le Bel, ici, au Portugal, le roi Denis crée l’ordre du Christ qui récupère les biens des Templiers. Le siège de la nouvelle Congrégation s’établit à Tomar en 1356. Henri le Navigateur en a été le Grand Maître au 15e siècle. C’est la période de gloire de l’ordre dont l’immense fortune permet de financer les expéditions maritimes portugaises. D’ailleurs, son emblème, la Croix carrée de couleur rouge, orne les voiles des caravelles.

L’église
Véritable catalogue de l’architecture portugaise… Les styles roman, gothique, manuélien et Renaissance se côtoient dans l’église et les cloîtres
La Rotonde du 12e siècle dont le décor est d’une richesse inouïe s’inspire du Saint-Sépulcre de Jérusalem
Les cloîtres
Fenêtre à décoration manuéline avec profusion de motifs végétaux et marins… oeuvre étonnante s’il en est !

Ainsi se termine une journée, une de plus, durant laquelle nous avons découvert toute la richesse historique et architecturale du nord du Portugal.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.